Corneal Crosslinking (CXL) avec le C-Eye d’EMAGine

Une interview avec le Prof. Dr. Dr. Farhad Hafezi

10/2020

Le professeur Farhad Hafezi est le directeur médical de l’Institut ELZA AG à Dietikon. À compter de 2002, des membres de l’institut ELZA ont participé à l’introduction de la technologie CXL dans la clinique. À ce jour, le Prof. Hafezi a publié plus de 70 articles scientifiques sur le CXL. En 2014, le très prestigieux prix Carl Camras pour la recherche translationnelle de l’ARVO lui a été décerné pour ses travaux dans ce domaine.

 

Professeur Hafezi, pouvez-vous nous expliquer ce qu’est le corneal crosslinking ?

Lors d’un corneal crosslinking (CXL), le stroma de la cornée est d’abord saturé de riboflavine (donc de vitamine B2). Après quoi s’ensuit une période d’illumination ciblée du stroma aux ultra-violets. Ceci provoque une réaction photochimique au cours de laquelle se créent de nombreuses « dérivés réactifs de l’oxygène », qui ne se contentent pas de lier de manière covalente les molécules du stroma, puisqu’elles endommagent également les membranes cellulaires et les acides nucléiques des agents pathogènes présents sur la cornée, ce qui signifie que le CXL non seulement renforce la cornée, mais aussi la stérilise. Lorsqu’un CXL est employé pour traiter les infections de la cornée, il est désigné par les termes de chromophore photo-activé pour la kératite infectieuse CXL ou encore « PACK-CXL ».

Qu’est-ce que C-Eye, et en quoi se différencie-t-il des autres appareils présents sur le marché ?

Le C-Eye est un appareil moderne et portable dédié au crosslinking, qui peut être utilisé au niveau de la lampe à fente. Il est équipé d’accus au lithium-ions et se charge par l’intermédiaire d’un port USB-C. Les utilisateurs peuvent sélectionner d’une liste de protocoles d’illumination crosslinking prédéfinis, qui couvrent toute la gamme des applications CXL modernes. L’intensité varie entre 3 mW et 30 mW/cm2 selon des réglages d’illumination aussi bien pulsés que continus. C-Eye peut également être utilisé avec un trépied sur table, ce qui signifie que vous avez tout loisir d’employer le CXL soit en salle d’opération, soit sur la lampe à fente dans votre cabinet de consultation. Enfin, il peut faire l’objet d’une mise à jour par l’intermédiaire du port l’USB, au cas où, à l’avenir, de nouveaux protocoles verraient le jour.

Pourquoi le crosslinking avec la lampe à fente revêt-il une telle importance ?

On bénéficie d’un grand avantage quand on peut réaliser le CXL ou le PACK-CXL à la lampe à fente, parce que l’intervention n’a plus besoin d’être effectuée en salle d’opération. Les salles d’opération sont gourmandes en temps de planification et de réservation, et elles doivent être stérilisées avant l’intervention ; leur utilisation est donc synonyme d’efforts et de coûts élevés. Et comme le CXL stérilise la cornée, il rend superflu l’environnement stérile de la salle d’opération ; au demeurant, dans le cas d’un PACK-CXL, il est carrément avantageux de maintenir une infection à l’extérieur de la salle d’opération. Mais le plus vaste potentiel est fourni par la possibilité de rendre le CXL et le PACK-CXL accessibles à un plus grand nombre de patients. Les salles d’opération sont situées dans les hôpitaux, eux-mêmes généralement situés dans les grands centres urbains à forte densité de population. Dans les pays à revenus faibles ou moyens, où la plus grande partie des populations vivent en zones rurales, très éloignées des centres hospitaliers, l’accès aux salles d’opération s’avère souvent à la fois très compliqué et coûteux. Par ailleurs, leurs habitants travaillent en règle générale dans l’agriculture, et nombreux sont ceux qui, dans le cadre de leurs activités professionnelles, souffriront d’une érosion de la cornée susceptible de s’infecter. Certes, les patients pourront trouver un ophtalmologue, mais ils devront souvent revenir pour les visites de suivi ou de contrôle et utiliser des collyres. Les patients qui ne peuvent se permettre qu’une seule visite ne sont pas rares et il est fréquent qu’ils ne reviennent pas. Le PACK-CXL sur une lampe à fente pourrait être utilisé pour traiter la kératite infectieuse en une seule séance.

Combien de temps un patient est-il en mesure de passer assis devant la lampe à fente ?

Cette question est tout à fait justifiée. Le « protocole de Dresde » pour le traitement du kératocône stipule qu’une irradiation UV de 3 mw/cm2 doit être effectuée pendant 30 minutes : le patient doit donc rester longtemps assis devant la lampe à fente. Il est cependant communément admis qu’un rayonnement UV de 9 mW/cm2 peut être appliqué pendant 10 minutes sans que se perdent ou s’affaiblissent pour autant les effets bénéfiques du CXL. Et, bien entendu, il est nettement plus facile pour le patient de rester assis 10 minutes devant la lampe à fente que 30. Au cours de ces dernières semaines, nous avons traité une douzaine de patients avec le dispositif C-Eye, et aucun d’entre eux n’a évoqué le moindre problème en rapport avec le temps d’assise.

En ce qui concerne le PACK-CXL, nous disposons de procédures qui fonctionnent très bien et dont la durée n’excède pas 4 petites minutes. Bien que 4 minutes devant la lampe à fente constituent en règle générale un laps de temps raisonnable, il peut s’avérer approprié de procéder au CXL lorsque le patient se trouve en position couchée, par exemple lorsqu’on a affaire à des enfants ou à des patients qui ne sont pas en mesure de rester longtemps assis. Il existe à cet effet un adaptateur de table pour le C-Eye.

La position assise influence-t-elle la distribution de la riboflavine ?

Nous avons mené et publié les recherches correspondantes il y a déjà plusieurs années (dans le  Journal of Refractive Surgery, 2017). Il s’agissait pour nous de déterminer si la distribution de la riboflavine dans la cornée est modifiée par gravité après application : or, même au bout d’une heure, on ne constate pas de différence significative dans la distribution.

L’efficacité du CXL a-t-elle été démontrée sur la lampe à fente ?

Bonne question. Elle appelle une contre-question de ma part, la voici : pourquoi le CXL devrait-il donner des résultats différents lorsque le patient est assis en position verticale et non couché sur le dos ? Les réglages sont absolument les mêmes que tous ceux qui ont été utilisés au cours des 20 dernières années chez des patients en position couchée, et nous parlons tout de même ici d’environ 200’000 interventions annuelles. La distribution de la riboflavine n’est pas non plus affectée, comme nous l’avons déjà publié. Il ne reste plus que les rayons ultra-violets : avec ces derniers, peu importe qu’ils soient émis horizontalement ou verticalement. C’est pourquoi je n’attends aucune différence qui serait uniquement liée à la position des patients.

Prof. Dr. Dr. Farhad Hafezi

Prof. Dr. Dr. Farhad Hafezi

Spécialiste FMH ophtalmologie et ophtalmochirurgie

Vous obtiendrez des informations supplémentaires concernant C-Eye sur le site internet de Mediconsult AG.

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